«L’Orient à la Croisette » Une grande saga du cinéma oriental au Festival de Cannes Introduction

Un espace d’analyse et de réflexion où les arts croisent les grandes questions de l’existence. Dossiers, entretiens, regards critiques — autant de fenêtres sur la profondeur esthétique entre Orient et Occident. Car l’art n’est pas un luxe, mais une connaissance vivante du monde






Depuis sa création en 1946, le Festival de Cannes est bien plus qu’un simple rendez-vous cinématographique : il est un symbole de rayonnement international, de prestige et de reconnaissance pour le cinéma du monde entier. (Egyptian Streets)
Pour les cinémas du Monde oriental — arabe, moyen-oriental, nord-africain ou asiatique —, la Croisette représente un défi et une opportunité : faire entendre une voix, revendiquer une identité et s’inscrire dans la narration globale du cinéma.
Cette traversée, depuis les premières apparitions jusqu’aux distinctions majeures, se lit comme une histoire de conquête culturelle.
1. Les balbutiements et les premières apparitions (1940-1970)
Dès les débuts du Festival, les pays arabes ont tenté leur chance. En 1946, l’Égypte soumet « Dunia» de Mohamed Karim, et l’acteur-réalisateur Youssef Wahbi est membre du jury. (Egyptian Streets)
Durant les années 50 et 60, des noms comme Youssef Chahine (avec par exemple « The Land» en compétition à Cannes) contribuent à ouvrir une voie. (Middle East Institute)
Cette période est moins marquée par les récompenses que par le geste symbolique : faire partie du cercle, être vu, inscrire le cinéma oriental dans le monde.
2. Les premières victoires et le tournant (1970-1990)
Le grand tournant survient en 1975 : avec « Chronique des années de braise» (Algérie) de Mohamed Lakhdar‑Hamina, la Palme d’or est décrochée pour la première fois par un film arabe et africain. (Arab News)
Cette victoire marque l’entrée du cinéma du Maghreb et de l’Afrique francophone dans l’élite cannoise : témoignage que l’Orient n’est plus seulement « invité », mais acteur.
Parmi d’autres jalons, on retrouve des œuvres sélectionnées dans Un Certain Regard ou la Quinzaine des réalisateurs, qui ouvrent la voie aux cinéastes orientaux plus audacieux.
3. Explosion de la visibilité et montée en puissance (1990-2010)
Avec l’entrée dans les années 90-2000, l’Orient au cinéma s’affirme par des récits plus personnels, des coproductions internationales et une audience mondiale accrue. (thenationalnews.com)
Des réalisateurs comme Youssef Chahine, Nadine Labaki ou d’autres issus du Moyen-Orient entrent dans la lumière cannoise, confirmant que la présence n’est plus sporadique mais structurée.
Parallèlement, Cannes développe des sections parallèles (Critics’ Week, Directors’ Fortnight) qui deviennent des laboratoires d’expérimentation pour les cinémas orientaux.
4. Le cinéma oriental aujourd’hui : thèmes, enjeux, reconnaissance
a) Thèmes contemporains
Les films sélectionnés provenant de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) traitent désormais de sujets variés : migraton, genre, mémoire, conflit, identité, etc. Exemple récent : « Once Upon a Time in Gaza» de Tarzan & Arab Nasser, près de la sélection 2025. (Wikipedia)
Et « Aisha Can’t Fly Away» (Égypte) qui participe également à Cannes «Un Certain Regard» en 2025. (Wikipedia)
b) Reconnaissance et prix
La reconnaissance se manifeste par des prix, une visibilité accrue et des coproductions internationales. Les cinéastes orientaux parlent un langage universel tout en restant profondément enracinés dans leur territoire culturel.
Cannes devient un tremplin : il ne s’agit plus seulement de représenter mais de proposer, créer et influencer.
c) Enjeux culturels et symboliques
- Visibilité internationale : être à Cannes, c’est gagner le monde.
- Identité et dignité : les films orientaux revendiquent une place égale.
- Narration alternative : proposer un cinéma qui ne suit pas forcément les codes dominants occidentaux.
- Économie & coproduction : accessibilité aux financements, réseaux de diffusion, partenariats Est-Ouest.
5. Vers l’avenir : défis et opportunités
Même avec ces succès, plusieurs défis persistent : infrastructures fragiles, contraintes politiques, stéréotypes « films de message ».
Mais les pistes d’avenir sont claires :
- davantage de coproductions internationales Orient-Occident,
- montée des voix féminines, diasporiques ou queer dans le cinéma oriental,
- affirmation d’une esthétique libre et multiple.
Cannes continuera d’être le miroir mais aussi la scène d’un cinéma oriental en pleine renaissance.
Conclusion
Le parcours du cinéma oriental au Festival de Cannes est un chemin d’émancipation, de visibilité et de dialogue culturel.
Pour une revue comme PO4OR, dont la mission est de tracer un pont entre l’Orient et l’Occident, cette histoire est une source d’inspiration : elle montre comment l’art traverse les frontières, comment les voix de l’Orient trouvent leur place sur la scène mondiale.
Et au fil des marches rouges de la Croisette, l’Orient n’est plus seulement un horizon : il est présent