Naseer Shamma à Paris : les cordes de l’Orient, l’âme de l’Occident
Lorsque Naseer Shamma pose son oud sur une scène, le silence devient une langue universelle.
Le maître irakien, reconnu dans le monde entier comme l’un des plus grands virtuoses du luth arabe, a retrouvé Paris pour un concert exceptionnel où les notes du Tigre ont rencontré la lumière de la Seine.
Dans la salle, l’émotion était palpable. Chaque vibration de son instrument semblait raconter l’histoire d’un Orient blessé mais vivant, d’un peuple qui résiste par la beauté. Shamma ne joue pas pour impressionner, il joue pour guérir. Ses compositions, à la fois classiques et expérimentales, sont des poèmes sans mots — un dialogue entre la mémoire et le rêve.
Formé à Bagdad avant de parcourir le monde, il a su faire du oud un instrument de dialogue culturel. En France, il trouve un public fidèle, sensible à cette musique qui unit profondeur spirituelle et raffinement technique. À Paris, il ne cherche pas à « représenter » le monde arabe : il le fait respirer autrement, avec une élégance qui séduit autant les connaisseurs que les novices.
Ce concert, organisé en collaboration avec plusieurs institutions culturelles françaises, a pris la forme d’un hommage au pouvoir de la musique comme langage de paix. Shamma y a évoqué la douleur de son pays, mais aussi l’espérance : celle d’une jeunesse arabe qui crée, compose, imagine. Dans ses improvisations, on entend l’appel du désert, le murmure du vent sur les ruines, mais aussi la promesse d’un nouveau départ.
En France, Naseer Shamma n’est pas un invité : il est un pont.
Sa présence rappelle que la musique orientale ne se limite pas à la nostalgie ; elle est aussi un laboratoire d’innovation. En mêlant les gammes arabes aux harmonies européennes, il offre un espace de rencontre où l’émotion devient commune, au-delà des langues et des frontières.
Ce soir-là, Paris a écouté Bagdad avec les oreilles du cœur.
Et le oud de Naseer Shamma, entre les murs d’une salle parisienne, a semblé redonner au mot “Orient” sa signification première : celle d’un lever, d’une lumière qui vient de l’Est.
Pour PO4OR – Portail de l’Orient, ce concert n’est pas seulement un événement musical ; c’est une célébration de l’unité sensible du monde. À travers ses cordes, Shamma rappelle que la culture n’a pas de centre, que l’art véritable naît toujours de la rencontre, et que le dialogue entre les civilisations n’a jamais été aussi mélodieux.