Rym Saidi: La Parisienne venue du Sud qui change les codes de la mode
Il y a des visages qui capturent la lumière avant même d’apparaître. Celui de Rym Saidi appartient à cette catégorie rare, presque magnétique. Derrière la beauté lumineuse, derrière la trajectoire internationale, se cache une histoire profondément méditerranéenne, façonnée par Tunis, révélée par Milan et consacrée par Paris. L’itinéraire d’un mannequin, certes, mais surtout celui d’une femme qui a su transformer son identité en force créative, et son parcours en passerelle entre deux univers.
Née à Tunis, Rym grandit dans une atmosphère où l’esthétique est un langage, où la féminité se conjugue avec élégance, structure et douceur. Très tôt, elle développe un sens aigu de l’observation. La mode n’est pas encore une vocation, mais une intuition qui se précise, nourrie par cette culture tunisienne riche d’hybridations et de contrastes. Dans un pays où la mer, la lumière et la diversité façonnent les regards, Rym apprend à lire le monde en silhouettes, en lignes, en couleurs. Une sensibilité qui deviendra plus tard sa signature.
Dès ses premiers pas dans l’univers du mannequinat, elle impose une présence fluide, une démarche assurée et un regard habité. Les podiums tunisiens lui servent de tremplin. Puis viennent Milan, Londres, et finalement Paris. La capitale française ne se contente pas de lui ouvrir ses portes; elle l’adopte. Sur les podiums comme dans les studios, elle incarne cette beauté arabe moderne, résolument internationale, à la fois ancrée et ouverte. Paris aime les femmes qui racontent une histoire, et Rym en porte plusieurs.
Au fil des saisons, son nom s’impose dans l’univers de la mode parisienne. Elle défile, collabore, pose pour des créateurs émergents comme pour des maisons établies. Mais au-delà de l’agenda des Fashion Weeks, elle apporte à Paris quelque chose d’essentiel : une densité culturelle. Rym ne se contente pas de porter des vêtements; elle insuffle à chaque silhouette une profondeur nourrie par ses origines. Elle transporte avec elle les couleurs du Sud, la douceur du littoral tunisien, les lignes méditerranéennes, mais aussi la sobriété européenne acquise au fil des années.
Son influence à Paris dépasse le cadre des défilés. Dans une ville qui façonne l’imaginaire mondial de la mode, Rym participe à la redéfinition de la beauté méditerranéenne. Les créateurs apprécient sa capacité à incarner un vêtement sans le figer, à donner à chaque pose une intention, à faire de la mode un espace de narration. Les photographes, eux, retrouvent dans son visage les résonances d’une histoire plus vaste que la scène parisienne. Elle devient ainsi le symbole d’une génération de mannequins qui n’offrent pas seulement une silhouette, mais une profondeur, une mémoire, une présence.
Paris joue pour elle le rôle d’un laboratoire intime. La ville lui permet de concilier carrière, maternité, vie publique et construction identitaire. Elle n’y est pas seulement mannequin; elle y devient femme, épouse, mère, figure culturelle. Une transformation qu’elle aborde avec une maturité exemplaire. Dans un monde où tout s’accélère, Rym cultive la lenteur intérieure. Elle choisit ses collaborations avec soin, refusant la superficialité. Elle cherche la durée plutôt que le bruit, la cohérence plutôt que la frénésie.
Son rapport à la notoriété demeure subtil, presque pudique. Elle sait que la beauté est mouvante, qu’elle se transforme, qu’elle n’appartient jamais à celle qui la porte. Elle sait aussi que la force d’une femme se mesure à sa capacité d’être présente à sa propre vie. C’est pourquoi son image publique respire l’équilibre. Elle avance entre le faste et la simplicité, entre la lumière et la retenue. Une souveraineté douce, sans démonstration.
Mais peut-être la dimension la plus fascinante de son parcours réside-t-elle dans la manière dont Rym incarne la rencontre entre l’Orient et l’Occident. Dans un monde encore trop souvent traversé de frontières symboliques, elle devient un pont vivant.
Bureau de Paris – Magazine PO4OR