Saud Abdulhamid, le joueur qui unit Lens et le Golfe à travers le football

Saud Abdulhamid, le joueur qui unit Lens et le Golfe à travers le football

Saud Abdulhamid n’est pas seulement un nouveau visage dans l’effectif du RC Lens. Son arrivée dans le nord de la France raconte l’histoire d’un joueur ambitieux, d’un football saoudien en pleine transformation, et d’un club prêt à accueillir des talents venus d’horizons inattendus. Elle raconte aussi une rencontre humaine et culturelle. Une rencontre qui se déroule sur le terrain mais qui résonne bien au-delà des tribunes de Bollaert.

Saud est né à Jeddah, dans une ville ouverte sur la mer et sur le monde. C’est là qu’il a développé sa rigueur, son sens de la discipline et son goût pour l’effort. Le jeune latéral droit a grandi dans un football saoudien en pleine modernisation. Les centres d’entraînement se sont structurés, les méthodes ont évolué, les exigences se sont internationalisées. Il fait partie de cette génération qui rêve de franchir les frontières pour aller chercher un niveau plus élevé. Après l’Ittihad, après Al Hilal, après un passage en Serie A avec la Roma, le moment était venu pour lui de découvrir la France et sa Ligue 1, réputée pour sa vitesse et son intensité.

Dès les premiers jours avec Lens, quelque chose a fonctionné. Le club cherchait un joueur capable de courir longtemps, de répéter les efforts et d’apporter un supplément d’âme sur le couloir droit. Saud a répondu présent. Les préparateurs physiques ont immédiatement noté sa capacité à tout assimiler rapidement. Le staff technique a salué son sérieux et son comportement irréprochable. Les joueurs ont parlé d’un coéquipier simple, respectueux et très à l’écoute. Tout cela a facilité une intégration souvent considérée comme complexe pour un joueur venant d’un environnement si différent.

Le public lensois, connu pour son exigence mais aussi pour sa chaleur humaine, a accueilli Saud avec curiosité, puis avec admiration. Le premier match a servi de révélateur. On l’a vu courir, anticiper, défendre avec efficacité. On l’a vu aussi participer au jeu offensif, proposer des solutions et prendre des risques intelligents. Ce soir-là, Bollaert a compris qu’il ne s’agissait pas d’une expérience ou d’un pari exotique, mais d’un joueur complet venu pour apprendre et pour donner.

Avec le temps, sa présence dans le vestiaire est devenue un repère discret. Il ne parle pas encore parfaitement français, mais il communique par le regard, par les gestes, par un professionnalisme invariable. Sa manière de s’intégrer est fidèle à sa culture. Beaucoup de respect, peu de paroles inutiles, beaucoup de travail. Ses coéquipiers apprécient cette sobriété qui contraste parfois avec l’agitation habituelle du football moderne.

L’intérêt de son arrivée dépasse pourtant la question sportive. Lens est une ville marquée par une longue histoire de migrations, de brassage culturel et de solidarité. Voir un joueur saoudien évoluer sous le maillot Sang et Or est presque naturel dans ce paysage humain. Cela ouvre une fenêtre nouvelle sur une région du monde encore très peu représentée dans le football européen. Et cela montre qu’un lien existe réellement entre deux cultures que l’on pense parfois éloignées, alors qu’elles se rejoignent dans la passion, dans la famille, dans la loyauté, dans l’effort collectif.

Dans les médias français, Saud est progressivement devenu un symbole de cette ouverture. Dans les médias arabes, il est présenté comme un pionnier, mais aussi comme un exemple de professionnalisme. Un joueur capable de réussir en Europe sans renoncer à ce qui le définit profondément. Il représente une forme de dialogue silencieux entre deux mondes qui s’observent de plus en plus, qui se respectent davantage et qui se découvrent par le sport.

Ce transfert est aussi le reflet d’une évolution plus large. La Saudi Pro League a attiré des stars, mais elle forme également de jeunes joueurs qui, comme Saud, veulent s’inscrire dans un projet international. Les clubs européens commencent à regarder vers le Moyen-Orient avec un œil neuf. Non pas uniquement pour des raisons économiques, mais parce qu’ils y voient désormais une réserve réelle de talents disciplinés, rapides, endurants et motivés.

À Lens, Saud joue un rôle qui dépasse ses centres et ses tacles. Il incarne la possibilité d’un football qui relie les cultures. Il montre qu’un joueur venu du Golfe peut s’adapter au climat du nord, à l’intensité de la Ligue 1, à l’énergie de Bollaert. Il prouve que le talent n’a pas de frontières et que la volonté peut effacer toutes les distances.

Si l’avenir confirme son intégration et que son passage se transforme en aventure plus longue, il pourrait devenir l’une des figures marquantes de ce rapprochement entre la France et l’Arabie saoudite à travers le sport. Et même s’il décide un jour de tenter une nouvelle expérience ailleurs, son passage à Lens restera un moment fondateur. Le moment où un jeune Saoudien a couru sur une pelouse française avec l’élan d’un homme qui ne représente pas seulement un club, mais aussi une culture en mouvement.

Le football moderne a besoin d’histoires comme celle de Saud Abdulhamid. Des histoires qui montrent que la compétition n’empêche pas le dialogue, que la mondialisation peut être humaine, que le sport reste l’un des rares espaces où les frontières s’effacent naturellement. À Lens, un pont est en train de se construire. Un pont simple, fait de courses longues, de travail quotidien et d’un sourire discret. Un pont entre l’Orient et l’Occident

Bureau de Paris – Magazine PO4OR

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