SHERIHAN L’ÉTOILE QUI DANSE ENTRE LE CAIRE ET PARIS

SHERIHAN  L’ÉTOILE QUI DANSE ENTRE LE CAIRE ET PARIS


Une vie de lumière, de blessures et de renaissance artistique

Son nom complet est Sherihan Ahmed Abdel Fattah El Shalqani,
née au Caire le 6 décembre 1964.
Dès l’enfance, elle porte en elle une grâce rare — celle du mouvement, du jeu et de la lumière.
À Paris, où elle étudie la danse expressive, la jeune Sherihan découvre le langage universel du corps :
celui qui parle sans mots, celui qui raconte l’émotion pure.


De la petite prodige à l’icône du cinéma égyptien

De retour au Caire, sa mère lui produit une série intitulée Al-Mo‘jiza (Le Miracle),
qui révèle déjà une enfant surdouée.
À huit ans, elle apparaît dans les films Une chatte sur le feu et Une demi-douzaine de voyous
de simples apparitions qui annoncent pourtant une carrière éclatante.

Puis viennent les grands rôles :
Khalli balak men ‘aqlak, Qafas el-hareem, Al-‘azraa wal-sha‘r el-abyad,
Al-tawq wal-aswara, Crystal, ‘Arq el-balah
des œuvres où son talent fusionne entre la beauté et la profondeur dramatique.
Sherihan n’est pas qu’une actrice ; elle est une présence, une énergie, une écriture du mouvement.


La scène, le corps, le feu

Sur scène, elle enflamme le public dans des comédies devenues cultes :
Al-mahzouze, Enta horr, Sek ‘ala banatek, ‘Ala shan khatir ‘oyounak, Share‘ Mohamed Ali.
Peu de pièces, certes, mais chacune un triomphe.
Elle transforme le théâtre populaire en espace de grâce et d’intelligence.


Les fawazir : la magie du petit écran

Mais c’est à la télévision que Sherihan devient un mythe.
Ses fawazir du Ramadan — ces spectacles d’énigmes dansés et chantés — font d’elle
la reine incontestée de la scène télévisuelle arabe.
Hagat we mehtagat, Fawazir hawl al-‘alam, Alf layla wa layla :
chaque apparition est un tableau d’or et de lumière.
Elle incarne la féminité arabe moderne, audacieuse, raffinée, sans jamais renier la pudeur de sa culture.


L’accident, la douleur et le retour

En 1990, un accident de voiture terrible brise sa colonne vertébrale.
On croit la voir disparaître ; elle choisit de renaître.
Après deux ans de silence et de rééducation,
elle revient en 1994 sur scène dans Share‘ Mohamed Ali — un retour triomphal, presque miraculeux.


Le combat contre la maladie

Plus tard, elle affronte un autre ennemi : le cancer des glandes salivaires.
Des opérations multiples, un visage marqué… mais un regard inchangé.
Sherihan transforme sa douleur en art, son corps en manifeste de courage.
Dans chaque cicatrice, il y a une lumière nouvelle.


Une légende de l’Orient moderne

Aujourd’hui encore, Sherihan reste une icône intemporelle.
Entre Paris et Le Caire, elle incarne le lien fragile et sublime entre
la discipline occidentale et la sensibilité orientale.
Son nom appartient à la mémoire du spectacle arabe,
mais son âme, elle, continue de danser — entre la vie, la poésie et la résistance.


Texte original – Rédaction Culture, PO4OR – Portail de l’Orient

Rubrique : Culture & Mémoire du spectacle


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