El Selem Wel Te‘bân 2 à Paris Quand le cinéma romantique égyptien contemporain rencontre le regard parisien
Paris continue d’assumer son rôle historique de capitale culturelle ouverte aux récits venus d’ailleurs. Dans cette dynamique, la projection exceptionnelle du film égyptien El Selem Wel Te‘bân 2 au cinéma Le Brady, lors d’une séance unique, s’inscrit comme un événement révélateur de l’évolution du cinéma arabe contemporain et de sa capacité à dialoguer avec un public international.
Réalisé par Tarek Al Aryan, sur un scénario de Ahmed Hosny, El Selem Wel Te‘bân 2 ne se présente pas comme une simple suite nostalgique. Le film revendique une identité propre, avec une écriture renouvelée et une approche narrative en phase avec les mutations sociales et émotionnelles de la société égyptienne actuelle. L’œuvre s’inscrit ainsi dans une tendance où le cinéma romantique devient un espace d’observation critique des relations modernes, loin des schémas idéalisés.
L’intrigue suit Ahmed, interprété par Amr Youssef, et Malak, incarnée par Asmaa Galal. Leur rencontre marque le point de départ d’une relation qui évolue progressivement d’une attirance mutuelle vers un amour profond et sincère. Chacun cherche à séduire l’autre par sa personnalité, ses choix et ses attitudes, dans l’espoir de faire durer cette histoire et de construire une relation stable. Le film s’attarde ensuite sur les défis qui apparaissent après le mariage, lorsque l’idéal amoureux se confronte aux réalités du quotidien.
À travers ce couple central, El Selem Wel Te‘bân 2 explore les attentes, les illusions et les compromis inhérents à la vie conjugale. Le récit alterne habilement entre romance et comédie, tout en intégrant des touches dramatiques qui accompagnent l’évolution psychologique des personnages. Cette combinaison de registres permet au film de conserver une tonalité accessible, tout en abordant des questions plus profondes liées à l’engagement, à la communication et à la capacité d’adaptation au sein du couple.
Le casting réunit plusieurs figures majeures du cinéma et de la télévision arabes. Aux côtés d’Amr Youssef et d’Asmaa Galal, le film met en scène Dhafer L’Abidine, Maged El Masry, Hatem Salah, Fadwa Abed et Heba Abdel Aziz, avec la participation exceptionnelle de Sawsan Badr en tant qu’invitée d’honneur. Cette distribution riche renforce la dimension chorale du film et apporte une diversité de regards sur les relations amoureuses, à travers des personnages secondaires aux trajectoires contrastées.
La production est assurée par Moussa Issa, avec une volonté affirmée de proposer un film qui se distingue clairement du premier opus. Plutôt que de s’appuyer sur la nostalgie ou la répétition, El Selem Wel Te‘bân 2 adopte une approche contemporaine, tant dans son écriture que dans sa mise en scène. Le film assume une liberté de ton qui reflète les préoccupations d’une génération confrontée à des choix affectifs complexes, entre aspirations personnelles et normes sociales.
Le choix de Paris comme lieu de projection pour cette séance unique n’est pas anodin. Ville de dialogue culturel et de curiosité artistique, la capitale française offre un cadre propice à la découverte de cinématographies arabes en mutation. Le cinéma Le Brady, reconnu pour sa programmation ouverte sur le monde, constitue un écrin naturel pour accueillir une œuvre qui dépasse les frontières linguistiques et culturelles.
La diffusion du film est assurée par Ceema Films, une société spécialisée dans la distribution d’œuvres internationales, notamment arabes, en Europe et en Amérique du Nord. Depuis plusieurs années, cette structure contribue à offrir une visibilité nouvelle à des films issus du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, en les inscrivant dans des circuits de diffusion professionnels et accessibles à un public non arabophone grâce au sous-titrage.
Au-delà de l’événement lui-même, cette projection parisienne illustre l’évolution du regard porté sur le cinéma égyptien contemporain. Longtemps associé à des formes populaires ou à des récits formatés, celui-ci affirme aujourd’hui une capacité à se renouveler, à questionner les relations humaines et à proposer des œuvres en résonance avec les réalités sociales actuelles.
El Selem Wel Te‘bân 2 s’inscrit ainsi dans une dynamique où le cinéma devient un espace de réflexion sur l’amour, le couple et la transformation des rapports affectifs. En accueillant ce film, Paris réaffirme son rôle de plateforme culturelle où les récits arabes trouvent une reconnaissance légitime, non comme objets exotiques, mais comme expressions vivantes d’un cinéma contemporain en dialogue avec le monde.
Bureau Paris – PO4OR