El Sett : Mona Zaki signe un retour magistral lors d’une avant-première mondiale à Marrakech
Le Festival international du film de Marrakech a dévoilé l’une des annonces les plus attendues de son édition : la première mondiale de El Sett , le nouveau long-métrage porté par l’actrice égyptienne Mona Zaki. Ce choix dépasse la simple programmation. Il affirme la place croissante du cinéma arabe sur la scène internationale et confirme l’aura singulière d’une artiste qui, depuis plus de deux décennies, incarne l’excellence d’un jeu subtil, moderne et profondément humain.
El Sett ne se présente pas comme une biographie classique. Le film s’inspire librement d’une figure légendaire de la mémoire culturelle du monde arabe, sans jamais tomber dans l’illustration littérale. Le récit explore l’idée de mythe, de transmission, et la façon dont une femme peut devenir, au fil du temps, un symbole collectif. La mise en scène privilégie une approche introspective où les silences, les regards et la texture visuelle composent un portrait sensible, presque méditatif.
Pour Mona Zaki, ce rôle marque un moment décisif. L’actrice compose une interprétation d’une grande sobriété, construite sur la nuance plutôt que l’imitation. Elle parvient à évoquer l’essence d’une icône sans jamais chercher à la reproduire, offrant un personnage habité, complexe, traversé par le poids de la célébrité et la solitude qu’elle implique. Cette retenue expressive donne au film une profondeur qui dépasse le simple hommage pour atteindre une dimension universelle.
Le choix de Marrakech ajoute une portée symbolique à cette première mondiale. Le festival est devenu, au fil des années, un carrefour où se rencontrent les cinémas du Maghreb, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique. Présenter El Sett dans ce contexte, c’est offrir au film une plateforme idéale pour rencontrer la critique internationale et amorcer un parcours festivalier ambitieux. C’est également inscrire le cinéma égyptien dans un dialogue nouveau avec les scènes cinématographiques émergentes de la région.
Visuellement, le film se distingue par une esthétique soignée qui puise dans l’élégance du patrimoine tout en revendiquant une écriture contemporaine. La lumière, la composition des cadres et la direction artistique construisent un espace où passé et présent se superposent. Cette identité visuelle permet à El Sett de parler autant au public arabe, qui reconnaîtra la résonance culturelle, qu’aux spectateurs occidentaux sensibles à la poésie du regard.
Ce qui rend El Sett particulièrement captivant est sa réflexion sur la construction de la légende. Comment une voix devient-elle un refuge collectif ? Comment une femme devient-elle plus vaste que sa propre histoire ? Le film répond à ces questions en privilégiant une narration émotionnelle plutôt qu’historique, révélant la puissance du mythe dans la formation de la mémoire artistique.
Avec cette projection inaugurale à Marrakech, El Sett s’annonce comme l’un des titres arabes majeurs de l’année. Le film pourrait naturellement tracer sa route vers d’autres festivals internationaux, porté par l’interprétation remarquable de Mona Zaki et par une proposition esthétique qui renouvelle la manière de représenter les grandes figures culturelles du monde arabe.
En donnant vie à cette « dame » intemporelle, le film célèbre non seulement une icône, mais aussi la capacité du cinéma à raviver les héritages, à réinventer les symboles et à rapprocher les mondes.
Texte original – Rédaction Culture, PO4OR – Portail de l’Orient