Le Festival du film franco-arabe Une histoire de cinéma, de dialogue et de circulation des regards

Le Festival du film franco-arabe Une histoire de cinéma, de dialogue et de circulation des regards

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De sa création à la 14ᵉ édition de Noisy-le-Sec (2025)

Depuis sa création, le Festival du film franco-arabe s’est imposé comme l’un des rares rendez-vous cinématographiques en France à avoir fait du dialogue culturel durable son principe fondateur. Loin des formats événementiels éphémères, il a patiemment construit une identité singulière, fondée sur la continuité, l’exigence artistique et la conviction que le cinéma peut être un espace de compréhension mutuelle entre les sociétés françaises et arabes.

Une naissance dans un contexte de malentendus culturels

Le festival voit le jour à la fin des années 1990, dans un paysage médiatique et culturel encore marqué par des représentations fragmentaires du monde arabe. À cette époque, le cinéma arabe circule peu dans les salles françaises, souvent cantonné à des lectures thématiques ou politiques réductrices.

Dès l’origine, le projet du Festival du film franco-arabe est clair : offrir aux œuvres un espace de diffusion qui respecte leur complexité, sans les assigner à une fonction explicative ou illustrative. Le cinéma y est abordé comme un art à part entière, porteur de formes, de récits et de visions du monde.

Une ligne artistique fondée sur la durée

Ce qui distingue le festival, au fil des années, n’est ni l’ampleur de sa programmation ni sa visibilité médiatique, mais la stabilité de sa ligne éditoriale. Le festival défend un cinéma d’auteur exigeant, attentif aux écritures singulières, aux trajectoires marginales, aux récits ancrés dans des réalités sociales fortes.

Fictions, documentaires, courts métrages : les œuvres sélectionnées interrogent la mémoire, l’exil, la filiation, les mutations sociales, les corps et les territoires. Cette cohérence a permis au festival de gagner la confiance des cinéastes, des critiques et des institutions culturelles, tout en formant un public fidèle et averti.

Noisy-le-Sec, un ancrage territorial assumé

Au fil de son développement, le Festival du film franco-arabe a trouvé à Noisy-le-Sec un lieu d’ancrage cohérent avec son projet. Ville de diversité et de circulation culturelle, Noisy-le-Sec offre un cadre où la rencontre entre les œuvres et les publics prend tout son sens.

Le cinéma Le Trianon est devenu l’un des lieux emblématiques du festival. Plus qu’une salle de projection, il fonctionne comme un espace de débat et de transmission, où les films sont accompagnés de rencontres, de discussions et d’échanges approfondis avec les équipes artistiques.

Le parrainage de Costa-Gavras : une fidélité significative

Depuis neuf années consécutives, le festival bénéficie du parrainage du réalisateur Costa-Gavras, figure majeure du cinéma engagé. Cette fidélité n’est pas symbolique : elle inscrit le festival dans une tradition cinématographique où l’exigence artistique va de pair avec une attention constante aux réalités humaines et sociales.

La présence de Costa-Gavras confère au festival une légitimité éthique et intellectuelle forte, en parfaite résonance avec son projet : un cinéma qui ne se contente pas de montrer, mais qui interroge et met en débat.

Un festival tourné aussi vers l’Orient

L’une des spécificités majeures du Festival du film franco-arabe réside dans sa capacité à déployer certaines de ses éditions et de ses initiatives dans plusieurs pays orientaux et arabes. Ce choix stratégique traduit une vision claire : le dialogue culturel ne peut être authentique s’il circule dans les deux sens.

En s’inscrivant dans des contextes orientaux, le festival s’est affranchi de toute posture de centralité occidentale. Il est devenu un acteur culturel partenaire, permettant aux films français et franco-arabes de rencontrer des publics directement concernés par les réalités qu’ils évoquent.

Un échange horizontal des regards

Ces circulations entre la France et l’Orient ont permis d’instaurer un modèle rare d’échange culturel horizontal. Les films arabes ne sont pas présentés comme des objets d’exotisme, pas plus que les films français ne sont imposés comme des références dominantes.

Ce va-et-vient constant nourrit une lecture renouvelée des œuvres et confère au festival une dimension profondément contemporaine, à rebours des logiques de transfert culturel unilatéral.

La 14ᵉ édition (7–16 novembre 2025) : continuité et renouvellement

La 14ᵉ édition du Festival du film franco-arabe, qui se tiendra à Noisy-le-Sec du 7 au 16 novembre 2025, s’inscrit pleinement dans cette histoire tout en affirmant une dynamique de renouvellement.

Une programmation dense et ouverte

L’édition 2025 propose une sélection d’environ trente longs métrages de fiction et documentaires, parmi lesquels figurent de nombreuses œuvres inédites, ainsi qu’un ensemble de courts métrages. La majorité des projections auront lieu au cinéma Le Trianon, en présence des équipes des films.

Ces rencontres prolongent les œuvres au-delà de l’écran, favorisant un dialogue direct entre créateurs et spectateurs, et participant à une véritable pédagogie du regard.

Rétrospectives, avant-premières et invités internationaux

Le programme comprend également des rétrospectives, des avant-premières et une série d’événements accueillant des invités internationaux : réalisateurs, producteurs et professionnels issus des pays arabes et de leurs diasporas.

Ces temps forts inscrivent le festival dans une perspective transnationale, attentive aux circulations contemporaines du cinéma franco-arabe.

Focus 2025 : la Tunisie, une scène en pleine renaissance

L’édition 2025 met un accent particulier sur la Tunisie, dont la cinématographie connaît une dynamique exceptionnelle. Alors que le pays produisait deux à trois films par an au début des années 2000, l’année 2024 a vu la production d’environ trente longs métrages de fiction, autant de documentaires et près d’une centaine de courts métrages.

Cette évolution témoigne d’un secteur en pleine structuration, porté par une nouvelle génération de cinéastes audacieux, ouverts sur le monde et profondément ancrés dans les réalités sociales de leur pays.

Une reconnaissance internationale affirmée

Récompensée dans les plus grands festivals internationaux – Cannes, Berlin, Venise – la cinématographie tunisienne se distingue par son engagement, son inventivité et sa force narrative. En lui consacrant un focus, le Festival du film franco-arabe confirme sa capacité à capter les mutations majeures du cinéma arabe contemporain.

À travers son histoire et sa 14ᵉ édition, le Festival du film franco-arabe s’affirme comme un projet culturel de long terme, fondé sur la circulation des regards, la reconnaissance des singularités et la construction patiente d’un dialogue franco-arabe à portée universelle.

À Noisy-le-Sec, comme à Paris et dans les villes de l’Orient où il s’est déployé, le festival continue de démontrer que le cinéma demeure un langage commun capable de relier les sociétés au-delà des frontières, des peurs et des simplifications.

Bureau de Paris – PO4OR

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