Le Mystère Cléopâtre À Paris, une exposition révèle l’histoire et la légende de la plus célèbre reine d’Égypte
L’histoire de l’Égypte antique continue de fasciner le monde par la richesse de ses civilisations, la profondeur de ses mythes et la puissance de ses figures fondatrices. Parmi elles, aucune n’a traversé les siècles avec autant d’intensité symbolique que Cléopâtre VII, dernière reine de l’Égypte ptolémaïque. À Paris, cette fascination prend aujourd’hui la forme d’un événement culturel majeur. L’Institut du monde arabe consacre une grande exposition à cette souveraine hors du commun, proposant au public une relecture rigoureuse et nuancée de son parcours historique et de la légende qui l’entoure.
Présentée jusqu’au 11 janvier 2026, l’exposition ambitionne de dépasser les représentations simplifiées qui ont longtemps dominé l’imaginaire collectif. Elle invite à découvrir Cléopâtre non pas comme une figure figée dans le mythe, mais comme une actrice politique majeure de l’Antiquité, dont la trajectoire s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe et profondément instable.

Une souveraine au cœur des bouleversements antiques
Née en 69 avant notre ère, Cléopâtre VII Philopator accède au trône d’Égypte en 51 avant J.-C., à la mort de son père Ptolémée XII. Elle hérite alors d’un royaume fragilisé par les luttes internes de la dynastie des Ptolémées et soumis à la pression croissante de Rome, puissance montante de la Méditerranée. L’exposition restitue avec précision ce contexte historique, rappelant que Cléopâtre gouverne dans un monde dominé par les rivalités, les alliances instables et les ambitions impériales.
Loin de l’image d’une reine uniquement guidée par la séduction, le parcours met en lumière une femme d’État instruite, polyglotte et stratège. Cléopâtre maîtrise les langues de son royaume, comprend les équilibres régionaux et sait manier les codes diplomatiques de son temps. Ces qualités lui permettent de maintenir l’indépendance relative de l’Égypte pendant près de deux décennies, dans une période où peu de souverains parviennent à résister à l’influence romaine.
Dépasser les récits des vainqueurs
L’un des axes centraux de l’exposition consiste à interroger les sources antiques qui ont façonné l’image de Cléopâtre. Les récits transmis par les historiens romains, souvent écrits après la défaite de Marc Antoine et la victoire d’Octave, ont largement contribué à construire une figure ambivalente, oscillant entre fascination et disqualification morale.
L’Institut du monde arabe confronte ces récits aux recherches archéologiques et historiographiques contemporaines. Cette démarche critique permet de replacer Cléopâtre dans son identité égyptienne et hellénistique, en montrant comment son image a été déformée par des regards extérieurs, parfois hostiles, souvent empreints de préjugés culturels. Le visiteur comprend ainsi comment la figure de la reine a été progressivement transformée en symbole de l’Orient perçu comme mystérieux, dangereux ou décadent.
Une femme de pouvoir avant tout
L’exposition insiste sur un aspect fondamental trop souvent relégué au second plan, celui du pouvoir réel exercé par Cléopâtre. Elle règne en son nom, administre un territoire vaste et riche, et prend des décisions politiques majeures dans un environnement dominé par des figures masculines. Ses alliances avec Jules César puis Marc Antoine sont présentées comme des choix stratégiques, dictés par la nécessité de préserver la souveraineté égyptienne face à Rome.
Cartes, objets et dispositifs explicatifs permettent de mesurer l’ampleur des enjeux auxquels elle fait face. Cléopâtre apparaît alors comme une dirigeante lucide, consciente des rapports de force et capable d’agir dans un monde où la survie politique dépend autant de l’intelligence que de l’audace.

La construction d’un mythe universel
Au-delà de l’histoire, l’exposition explore la naissance et l’évolution du mythe de Cléopâtre. De l’Antiquité à l’époque contemporaine, la reine d’Égypte est devenue une source inépuisable d’inspiration artistique. Peintres, écrivains, dramaturges et cinéastes ont projeté sur elle leurs propres fantasmes, leurs peurs et leurs idéaux.
Le parcours met en perspective ces représentations, depuis les œuvres littéraires de la Renaissance jusqu’aux grandes productions hollywoodiennes du XXe siècle. Il montre comment Cléopâtre a été successivement transformée en héroïne tragique, en icône romantique ou en figure exotique, souvent éloignée de la réalité historique. Cette mise en regard permet de comprendre comment les sociétés occidentales ont utilisé son image pour raconter leurs propres récits.
Un regard contemporain sur l’histoire
Fidèle à sa mission, l’Institut du monde arabe inscrit cette exposition dans une réflexion contemporaine sur la mémoire et la représentation. Le Mystère Cléopâtre ne se contente pas de raconter le passé, il interroge notre manière de produire des récits historiques et de construire des figures symboliques.
À travers une scénographie soignée et des dispositifs pédagogiques accessibles, le public est invité à questionner la place des femmes dans l’histoire, les mécanismes de domination culturelle et la persistance des stéréotypes. Cléopâtre devient ainsi un miroir de nos interrogations actuelles sur le pouvoir, l’image et la transmission du savoir.
Paris, carrefour du dialogue culturel
Le choix de Paris comme lieu d’accueil de cette exposition s’inscrit dans une longue tradition de dialogue entre la France et l’histoire de l’Égypte antique. Ville de savoir et de débats, Paris offre un cadre propice à une relecture critique et nuancée de cette figure majeure de l’Antiquité.
En présentant cette exposition à l’Institut du monde arabe, la capitale française affirme son rôle de passerelle entre les cultures, où l’Orient et l’Occident se rencontrent autour d’une histoire partagée, parfois conflictuelle, mais toujours féconde.
Une exposition de référence
Par son ambition scientifique, sa clarté pédagogique et sa richesse documentaire, Le Mystère Cléopâtre s’impose comme une exposition de référence. Elle permet de redécouvrir une souveraine exceptionnelle dans toute sa complexité, loin des images figées et des récits simplificateurs.
Plus de deux mille ans après sa mort, Cléopâtre continue de susciter débats et interrogations. En levant le voile sur son histoire et sur la fabrication de sa légende, l’Institut du monde arabe rappelle que l’histoire n’est jamais immuable. Elle se réécrit sans cesse à la lumière des recherches, des regards et des enjeux contemporains. Cléopâtre, reine d’Égypte et figure universelle, demeure ainsi une présence vivante dans notre imaginaire collectif et dans le dialogue permanent entre passé et présent.
Bureau de Paris – PO4OR