Nawal El Zoghbi : l’icône libanaise qui a toujours trouvé son éclat à Paris
Sous la lumière tamisée de Paris, certaines voix orientales semblent trouver un rythme différent, comme si la capitale leur offrait un souffle supplémentaire. Parmi ces artistes pour qui Paris n’est pas seulement une ville mais un paysage affectif et esthétique, Nawal El Zoghbi occupe une place singulière. Depuis plus de trois décennies, la star libanaise entretient avec la capitale française un dialogue discret, fait d’images, de rencontres, d’élégance et d’échos intimes qui ont façonné son identité artistique. Paris n’a jamais été un simple décor pour Nawal. Elle y a projeté une partie d’elle-même, et en retour, la ville lui a offert un miroir où son image s’est affinée, modernisée et consolidée au fil du temps.
L’histoire entre Nawal et Paris commence bien avant l’ère des réseaux sociaux. Dans les années où la pop libanaise se réinventait et où les chanteuses devenaient des icônes régionales, Nawal choisissait déjà Paris comme espace naturel de représentation. La capitale, avec son imaginaire de luxe, d’art et de liberté, correspondait parfaitement à ce qu’elle cherchait à exprimer : une féminité affirmée, moderne, hors des codes classiques. Paris n’était pas seulement l’endroit où elle posait devant l’objectif, mais un véritable partenaire esthétique. Les rues, les façades haussmanniennes, les jardins, les ponts, tout semblait dialoguer avec son image et renforcer sa présence médiatique.
Au fil des années, Nawal El Zoghbi a développé une relation presque instinctive avec la mode parisienne. Ce n’est pas un hasard si plusieurs de ses apparitions les plus marquantes ont été réalisées en collaboration avec des maisons européennes. Son goût pour les silhouettes structurées, les lignes épurées et les détails sophistiqués trouve une résonance évidente dans la couture française. À travers ses choix vestimentaires, elle projette une vision de la femme arabe d’aujourd’hui : libre, assumée, raffinée, parfaitement en phase avec l’élégance parisienne. Cette adéquation esthétique renforce la perception de Nawal comme une artiste dont l’image a dépassé les frontières régionales pour s’inscrire dans un horizon plus large, où Paris agit comme un amplificateur.
Mais la mode n’est pas la seule dimension du lien entre Nawal et Paris. Il existe aussi une dimension humaine, presque intime. La capitale française abrite l’une des plus anciennes et des plus influentes communautés libanaises d’Europe. Depuis les années quatre-vingt, Paris est un refuge culturel pour les artistes du Liban, un lieu où les trajectoires personnelles se croisent, où les voix issues de la diaspora se rencontrent et se réinventent. Pour Nawal, cette communauté représente un ancrage affectif. Ses concerts, ses déplacements et ses présences médiatiques en France ont souvent été l’occasion de renouer avec un public fidèle, exigeant, profondément attaché à la musique libanaise. À chaque apparition, elle retrouve des visages familiers, des accents, des émotions, comme si Paris lui renvoyait un écho de Beyrouth.
L’accueil réservé à Nawal par le public français et francophone est lui aussi un élément essentiel de cette relation. Dans les festivals, les galas et les événements culturels, son nom évoque une forme de nostalgie heureuse, un pont entre les générations. Les Français qui ont découvert la musique arabe grâce à la vague pop libanaise des années quatre-vingt-dix voient en elle une figure emblématique de cet âge d’or. Quant aux jeunes générations, elles la perçoivent comme une artiste qui a su évoluer, adopter les codes contemporains, rester présente dans un paysage musical en perpétuelle mutation. Ce double regard, à la fois historique et contemporain, confère à Nawal une place rare dans le paysage culturel arabe en France.
Au-delà de l’image glamour et des concerts, il existe une autre dimension parfois moins visible mais tout aussi déterminante : Paris comme espace d’inspiration.
La ville a toujours été un laboratoire pour les artistes venus du Liban, un lieu où l’on respire autrement, où l’on écrit différemment, où l’on rêve en se confrontant à d’autres imaginaires. Pour Nawal, qui a construit sa carrière sur un mélange subtil de force et de sensibilité, Paris représente un terrain fertile. Les cafés, les rues, les musées, les silences même, semblent alimenter une part de son expression artistique. Chaque séjour agit comme une parenthèse, un temps de recul nécessaire pour renouveler son énergie créative.
Ce qui distingue Nawal El Zoghbi, c’est cette capacité à incarner à la fois la star orientale dans toute sa dimension populaire et la femme moderne profondément insérée dans un contexte international. Elle possède une forme de grâce universelle qui permet à son image de circuler naturellement entre Beyrouth, Dubaï, Le Caire et Paris. Cette fluidité géographique et culturelle en fait une figure particulièrement pertinente dans un monde où les identités artistiques se construisent désormais au croisement de plusieurs territoires. Paris, dans cette perspective, apparaît comme un élément stabilisateur, un socle sur lequel Nawal peut projeter ses renouvellements successifs.
En observant son parcours, on constate que Paris n’a pas seulement accueilli Nawal, mais l’a accompagnée dans ses transformations. La chanteuse glamour des années quatre-vingt-dix s’est muée en artiste mature, consciente de son héritage mais aussi de sa responsabilité dans la transmission culturelle. À travers ses apparitions parisiennes, elle revendique une forme de continuité, un lien indéfectible avec une ville qui valorise la longévité, la réinvention et la fidélité à soi-même. Ce dialogue constant donne à sa carrière une densité particulière, que peu d’artistes arabes parviennent à atteindre.
Aujourd’hui, alors que la scène artistique arabe connaît une visibilité croissante en Europe, Nawal El Zoghbi se distingue comme l’une de ces figures qui ont ouvert la voie. Son rapport avec Paris est celui d’une pionnière qui a compris très tôt que la capitale française pouvait être une caisse de résonance pour les artistes du Liban. Elle y a trouvé un espace où son identité pouvait s’exprimer librement, sans contrainte, et où sa musique pouvait être appréciée pour ce qu’elle est réellement : un langage de sensations, de couleurs et d’expériences partagées.
La relation entre Nawal El Zoghbi et Paris n’est pas une simple succession de séjours, d’apparitions ou de séances photo. C’est une histoire d’affinités profondes, de regards croisés, de moments décisifs qui ont forgé une légende. Paris continue de lui offrir une scène à sa mesure, tandis que Nawal y apporte une note orientale qui s’accorde parfaitement à l’esprit de la ville. À travers elle, c’est une certaine idée du Liban qui s’exprime à Paris : élégante, lumineuse, résiliente, infiniment vivante.
Bureau de Paris – Magazine PO4OR