Olivier Sauton, le Liban comme renaissance intime et choix de vie

Olivier Sauton, le Liban comme renaissance intime et choix de vie
Olivier Sauton, metteur en scène et écrivain français, affirme un lien intime et assumé avec le Liban, vécu comme une renaissance personnelle et artistique.

Il ne s’agit ni d’un engouement passager ni d’un récit dicté par l’émotion. Pour Olivier Sauton, metteur en scène et écrivain français, le Liban s’est imposé comme une expérience fondatrice, intime et irréversible. Il affirme vouloir y être enterré, porter sa nationalité et devenir sa voix française. Des paroles fortes, d’autant plus saisissantes qu’elles viennent d’un homme qui ne connaissait pas ce pays un an auparavant.

Le 8 octobre 2023, Olivier Sauton arrive pour la première fois à Beyrouth. Une date lourde de sens dans un Moyen Orient sous tension. Beaucoup s’interrogent sur ce choix, certains tentent de l’en dissuader. Lui maintient son voyage, alors même que d’autres, y compris des Libanais, annulent le leur. Il répond à l’invitation d’un ami libano français pour présenter son spectacle au théâtre Monnot, à Achrafieh. Le Liban n’était ni un projet ni un rêve. Il n’était jusque là qu’un pays associé aux conflits et aux images répétées des journaux télévisés.

Rien ne l’avait préparé à ce qui allait suivre. Dès son arrivée, Sauton ressent un choc profond, presque existentiel. Il évoque une voix intérieure qui lui souffle que ce lieu est le sien. À un moment, il pense qu’il va y mourir. Il comprendra plus tard qu’il y est né une seconde fois.

Avant le Liban, il y avait Paris. Une ville devenue grise, pesante, silencieuse. Il se décrit comme un être qui s’éteignait lentement, semblable au ciel parisien. Ses journées perdaient leur relief, ses soirées leur substance. Il n’avait plus rien à raconter avant de s’endormir, parce que rien d’essentiel ne se produisait. Le Liban rompt cette inertie. Il redonne au quotidien une densité, une intensité, une vibration. Chaque jour retrouve un sens, chaque rencontre une valeur.

Lorsque la guerre éclate, Olivier Sauton publie un texte bref et bouleversant sur ses réseaux sociaux. Il y appelle le Liban à se relever. Ce n’est ni un slogan politique ni une posture militante. C’est un cri de reconnaissance. Il y confie combien ce pays l’a transformé. Depuis qu’il a connu le Liban, il dit avoir peur de mentir, comme si cette terre l’avait obligé à une forme de vérité intérieure.

Ce qu’il découvre dépasse la beauté d’un territoire ou la richesse d’une culture. Il découvre une intensité humaine rare, une relation au monde sans faux semblants. Le Liban lui rend le goût de la vie, le sens de l’humanité, la capacité d’aimer sans distance. Il se sent vivant au Liban, pleinement vivant.

Son regard échappe à toute condescendance et à tout exotisme. Il ne s’agit pas d’un artiste occidental fasciné par un Orient idéalisé, mais d’un homme qui accepte d’être déplacé, bouleversé, transformé. Lorsqu’il affirme vouloir vivre à Beyrouth malgré les circonstances, ce n’est ni une provocation ni un geste symbolique. C’est un choix existentiel, presque moral. Le Liban, selon lui, a façonné la meilleure version de lui même. Il se dit redevable de cette transformation.

Dans son récit, le Liban n’est pas un symbole abstrait. Il est une révélation concrète, une terre qui ne se visite pas mais qui se traverse et qui vous traverse. Une terre qui impose la vérité et oblige à être pleinement soi.

Rares sont les artistes français à avoir formulé un attachement aussi clair et assumé. Il ne s’agit pas d’aimer un pays idéalisé, mais de reconnaître un lieu qui redonne une colonne vertébrale à l’existence. Une relation qui dépasse l’admiration, la solidarité ou l’engagement. Une appartenance choisie.

Dans un monde saturé de discours et de postures, Olivier Sauton n’énonce aucune revendication. Il exprime simplement une dette intime. Le Liban l’a fait renaître. Il lui doit ce qu’il est devenu.

Bureau de Beyrouth

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