Quand Oum Kalthoum chanta à Paris : la rencontre d’un mythe oriental et d’un monde occidental émerveillé

Depuis des décennies, Oum Kalthoum incarnait l’âme du monde arabe : sa voix, à la fois majestueuse et brûlante, portait les mots des poètes et la ferveur des peuples. Mais à Paris, ce n’était pas seulement le monde arabe qu’elle représentait c’était

Quand Oum Kalthoum chanta à Paris : la rencontre d’un mythe oriental et d’un monde occidental émerveillé

Paris, un soir de novembre 1967. Sur la scène de l’Olympia, le public découvre une silhouette drapée de soie noire, un mouchoir à la main, la voix puissante et souple d’une femme venue du Caire. Ce soir-là, Oum Kalthoum, la "Diva de l’Orient", entrait dans la légende française.

Une voix qui traverse la Méditerranée

Depuis des décennies, Oum Kalthoum incarnait l’âme du monde arabe : sa voix, à la fois majestueuse et brûlante, portait les mots des poètes et la ferveur des peuples.
Mais à Paris, ce n’était pas seulement le monde arabe qu’elle représentait c’était une civilisation entière qui tendait la main à l’Occident.

Les journaux français de l’époque parlent d’« une reine sans couronne », d’un phénomène venu d’ailleurs. Les mélomanes européens, curieux de ce lyrisme oriental, découvrent que l’émotion n’a pas de langue : les applaudissements couvrent la salle avant même la fin du premier morceau, Enta Omri.

Un événement diplomatique et culturel

Le concert parisien d’Oum Kalthoum n’était pas qu’un moment artistique, c’était un événement diplomatique.
Sous les ors de l’Olympia, les ambassadeurs, les intellectuels, les journalistes français et arabes se côtoyaient.
La France, encore marquée par l’empreinte coloniale et fascinée par l’Égypte de Nasser, voyait en Oum Kalthoum une passerelle apaisante entre deux mondes : la femme arabe libre, respectée, souveraine de sa voix et de son art.

Une fascination réciproque

Pour Oum Kalthoum, chanter à Paris signifiait plus qu’un triomphe : c’était la reconnaissance internationale d’une culture arabe moderne et digne.
Elle dira plus tard à ses proches :

« À Paris, j’ai senti que l’Orient pouvait parler au monde sans traducteur. »

Les critiques français la compareront à Maria Callas, mais plus spirituelle, plus mystique, capable d’unir la rigueur de la musique classique et la ferveur du chant soufi.

Un héritage qui ne s’éteint pas

Près de soixante ans plus tard, cette soirée parisienne reste un moment fondateur du dialogue culturel franco-arabe.
Des artistes comme Fairouz, Warda, ou même des chanteuses contemporaines de la diaspora, évoquent cette conquête symbolique comme un passage de flambeau : celui d’un Orient qui fascine, et d’un Occident qui écoute enfin.

Aujourd’hui, dans les studios et les festivals de Paris, son image trône encore, ses disques vinyles se vendent comme des reliques, et sa voix résonne sur les ondes comme un souvenir immortel.

Oum Kalthoum n’a pas seulement chanté à Paris. Elle y a planté la graine d’un pont culturel — un pont que notre revue, PO4OR – Portail de l’Orient, continue de traverser.

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