The President’s Cake : quand le cinéma irakien atteint la scène mondiale depuis Cannes

The President’s Cake : quand le cinéma irakien atteint la scène mondiale depuis Cannes
Affiche officielle : The President’s Cake, révélation irakienne primée par la Caméra d’Or à Cannes 2025

Un film suffit parfois à déplacer les lignes. The President’s Cake, premier long-métrage du réalisateur irakien Hasan Hadi, fait partie de ces œuvres capables de franchir les frontières par la force de leur sincérité. Présenté à la Quinzaine des cinéastes lors du Festival de Cannes 2025, le film y remporte le Prix du Public avant d’être distingué par la Caméra d’Or. Une double reconnaissance qui confirme l’arrivée d’une nouvelle voix irakienne sur la carte du cinéma international.

L’histoire se déroule dans l’Irak des années 1990. Lamia, une fillette interprétée avec une grande justesse par Baneen Ahmad Nayyef, reçoit une mission inattendue : préparer un gâteau d’anniversaire pour le président. Dans un pays marqué par la pénurie et les sanctions, cette tâche simple devient un parcours semé d’obstacles. Autour d’elle, Sajad Mohamad Qasem, Waheeda Thabet Khreibat et Rahim AlHaj incarnent une famille qui tente de préserver une forme de dignité dans un quotidien instable.

Hasan Hadi choisit le regard de l’enfance pour raconter une période complexe. Le film ne cherche ni l’effet dramatique facile ni l’explication politique. Il montre des gestes, des craintes, des espoirs minuscules. Cette pudeur narrative permet au spectateur d’entrer dans l’histoire sans distance, sans filtre.

Bien que tourné intégralement en Irak, le projet a été accompagné par un groupement de sociétés occidentales spécialisées dans le cinéma indépendant, apportant un cadre professionnel et une ouverture vers les réseaux internationaux. Cette alliance entre un récit enraciné dans la réalité irakienne et un savoir-faire mondial donne au film une portée qui dépasse largement son budget ou son format.

Le succès du film tient aussi à son universalité. La quête de Lamia, la fragilité de sa famille, la tension d’une société sous pression : autant d’éléments qui parlent au public, quelle que soit son origine. Le film n’explique pas l’Irak, il raconte une situation humaine. C’est ce choix qui lui permet de toucher un public large, à Cannes comme ailleurs.

La force du film réside dans l’équilibre qu’il établit. L’Irak apporte l’histoire, l’atmosphère, la mémoire. L’Occident apporte les outils, la visibilité, les relais. Ce dialogue se ressent dans chaque plan. Il rappelle une réalité simple : les cultures ne s’opposent pas lorsqu’elles travaillent ensemble. Elles se complètent.

Cette idée se résume dans la phrase qui traverse l’esprit du film :
L’Orient et l’Occident ne sont pas deux mondes séparés, mais deux manières de raconter la même humanité.

Avec cette œuvre, le cinéma irakien ouvre une nouvelle page. The President’s Cake devient la candidature officielle de l’Irak aux Oscars, prolongeant son parcours international. Le film prouve qu’une histoire locale peut trouver un écho mondial dès lors qu’elle est racontée avec honnêteté et précision.

Ce premier long-métrage marque ainsi une étape : celle d’un cinéma irakien qui, malgré les obstacles, parvient à se faire entendre. Et d’un dialogue culturel qui, loin d’être théorique, se concrétise à travers une œuvre née à Bagdad et portée par Cannes vers le reste du monde.

Rédaction et édition : Bureau Général – Paris
PO4OR – Portail de l’Orient

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