Une touche française illumine le Festival du Caire

Une touche française illumine le Festival du Caire
Khaled El-Nabawy honoré du Prix Faten Hamama

Le Caire — Sous les projecteurs de l’Opéra du Caire, le rideau s’est levé hier soir sur la 46ᵉ édition du Festival International du Film du Caire (CIFF), l’un des événements les plus prestigieux du monde arabe. Glamour, émotion et réflexion se sont conjugués dans une soirée d’ouverture éblouissante qui a réuni l’élite du cinéma arabe et international.
Du 12 au 21 novembre 2025, la capitale égyptienne devient une fois de plus le carrefour des cinéastes, producteurs et critiques venus des quatre coins du monde.

Un tapis rouge entre élégance et effervescence

Sur le tapis rouge de l’Opéra du Caire, les flashs crépitaient, immortalisant la présence de nombreuses personnalités du cinéma. Les réalisateurs, acteurs et producteurs ont foulé le sol de la grande salle sous les applaudissements du public et des médias.
La cérémonie d’ouverture, présidée par la ministre de la Culture, a rendu hommage à la tradition cinématographique égyptienne tout en affirmant l’ambition internationale du festival. Dans un discours empreint de fierté, elle a salué « la force du cinéma comme langage universel capable d’unir les peuples ».

Un film d’ouverture empreint d’humanité : “The Blue Trail”

Le festival a choisi pour film d’ouverture The Blue Trail, du réalisateur brésilien Gabriel Mascaro.
L’œuvre raconte le parcours de Tereza, 77 ans, contrainte de quitter sa maison pour un établissement spécialisé. Refusant toute résignation, elle s’évade une dernière fois sur les eaux de l’Amazone.
Entre lyrisme et humanisme, le film explore la liberté face à l’âge, la solitude et la mémoire.
Mascaro signe ici un récit universel sur la dignité et le choix, incarnant parfaitement la ligne artistique du CIFF : un cinéma qui pense et qui émeut.

Une compétition internationale exigeante

La 46ᵉ édition du festival réunit 14 longs-métrages dans la compétition principale.
Les œuvres sélectionnées, venues d’Europe, d’Asie, d’Amérique latine et du monde arabe, abordent des thèmes brûlants : migrations, identité, mémoire, résistance et espoir.
À la présidence du jury, le maître turc Nuri Bilge Ceylan, reconnu pour son cinéma contemplatif et humaniste, est entouré de personnalités venues d’Italie, de Tunisie, d’Égypte et d’Amérique latine.
Sous sa direction, le jury promet une lecture sensible, exigeante et plurielle des films en compétition.

Une empreinte française marquante

Cette édition se distingue par une présence française particulièrement forte, témoignant de la vitalité des échanges cinématographiques euro-méditerranéens.
Deux coproductions franco-belges figurent dans la section Special Screenings :

  • Young Mothers des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, un drame social d’une grande finesse ;
  • Dandelion’s Odyssey de Momoko Seto, un voyage poétique au croisement de la science et de la fiction.

Sur le plan professionnel, la plateforme Cairo Film Connection accueille le projet Alicante, développé en coproduction algéro-française.
Ce partenariat illustre la volonté du CIFF de soutenir la création transnationale et de renforcer les ponts entre l’Europe et le monde arabe.

La participation française, par la diversité de ses regards et la qualité de ses productions, a ajouté à l’événement une dimension d’ouverture et de prestige qui confirme le rôle central de la France comme partenaire culturel majeur du festival.

Des hommages et des émotions

Le moment le plus émouvant de la soirée fut la remise du Prix Faten Hamama d’Excellence à l’acteur égyptien Khaled El-Nabawy.
Son parcours, marqué par des rôles exigeants et un engagement artistique constant, a été salué par une longue ovation.
Dans son discours, l’acteur a rappelé que « le cinéma égyptien reste une école et une inspiration pour tous ceux qui croient à la puissance du rêve ».
Ce moment d’émotion a confirmé la place du CIFF comme espace de reconnaissance et de mémoire vivante du cinéma arabe.

Le cinéma comme conscience du monde

Fidèle à son engagement pour un cinéma qui interroge le réel, le festival se clôturera avec The Voice of Hind Rajab de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, déjà nommée aux Oscars.
Entre fiction et documentaire, l’œuvre s’inspire d’un drame humain bouleversant et interroge la responsabilité du regard et le rôle du cinéma comme témoin du monde.
En choisissant un tel film, le CIFF revendique un positionnement éthique et artistique audacieux : donner la parole à ceux que l’histoire oublie.

L’innovation au cœur de l’édition

Le festival ne se contente plus de célébrer le cinéma traditionnel : il investit le champ des technologies immersives et narratives nouvelles.
Des sections entières sont dédiées à la réalité virtuelle (VR), à la réalité augmentée (XR) et à l’intelligence artificielle dans la création audiovisuelle.
Des tables rondes et ateliers ont réuni des experts venus de France, d’Allemagne et d’Égypte pour explorer le futur du cinéma à l’ère numérique.
Cette orientation témoigne d’une vision stratégique : faire du CIFF un laboratoire d’innovation culturelle à l’échelle régionale.

Les Journées de l’Industrie : un carrefour professionnel

Les Industry Days du festival, devenues un rendez-vous incontournable, réunissent producteurs, distributeurs, plateformes de streaming et institutions culturelles.
Elles visent à encourager les coproductions internationales, à soutenir les jeunes réalisateurs et à favoriser la circulation des films arabes sur les marchés étrangers.
Dans ce cadre, plusieurs accords de partenariat ont été signés entre sociétés égyptiennes, françaises et italiennes, confirmant la vocation du CIFF à relier le monde du cinéma.

Entre glamour et réflexion

Si le tapis rouge attire toujours la curiosité et les flashs, le cœur du festival reste la réflexion sur l’art du récit.
L’édition 2025 se distingue par son équilibre entre prestige et profondeur, entre divertissement et engagement.
Le public du Caire, passionné et curieux, retrouve dans ce festival une image fidèle de sa ville : généreuse, vibrante et ouverte sur le monde.

Un rendez-vous qui fait sens

Avec sa touche française marquante, ses choix artistiques exigeants et son ouverture vers les technologies du futur, la 46ᵉ édition du Festival du Caire s’impose comme un modèle de modernité et de diversité culturelle.
Elle réaffirme la mission du CIFF : celle d’un pont entre les cultures, d’un espace de dialogue entre l’Orient et l’Occident, et d’un lieu où le cinéma reste un art du vivant et de la liberté.

— Reportage réalisé par le Bureau du Caire de PO4OR – Portail de l’Orient
(Production éditoriale : Bureau du Caire – Rédaction centrale, Paris)

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