Soad Hosny, l’éternelle lumière du Caire qui a séduit Paris
Bureau de Paris – PO4OR
Une étoile du Caire qui a trouvé un écho unique à Paris
Il y a des artistes dont la trajectoire dépasse la géographie qui les a vus naître pour embrasser un imaginaire universel. Soad Hosny appartient à cette catégorie rare. Née au Caire en 1943, la comédienne a incarné l’âge d’or du cinéma égyptien, mais sa lumière n’a jamais été confinée aux rives du Nil. Paris, capitale mondiale du cinéma d’auteur et de la critique, a très tôt ouvert ses portes et son regard à cette figure irrésistible de l’écran arabe. Si la rencontre entre la France et Soad Hosny n’a pas pris la forme d’un tournage dans l’Hexagone, elle s’est construite à travers un dialogue critique, culturel et sensitif qui perdure encore aujourd’hui.
Une actrice qui a redéfini le féminin dans le cinéma arabe
Soad Hosny s’est imposée par une présence qui mêlait fraîcheur, complexité émotionnelle et une modernité rare pour son époque. Dans ses rôles, elle passait avec une aisance remarquable de la comédie à la tragédie. Elle était la jeune femme libre, la passionnée, l’intellectuelle, l’endeuillée, l’amoureuse, la rebelle. Cette diversité d’interprétation a frappé les critiques français qui ont vu en elle une figure féminine capable de dépasser les stéréotypes orientaux auxquels le public européen était habitué.
Dans Le Journal du Cinéma, un critique français écrivait dans les années soixante que Soad Hosny « possède la légèreté de certaines actrices parisiennes et la profondeur silencieuse des héroïnes du Levant ». Cette phrase résume l’effet qu’elle produisait sur un public qui découvrait à travers elle un autre visage du monde arabe, lumineux, intelligent, capable de séduire par le jeu et non par les clichés.
La réception de Soad Hosny dans les salles et festivals parisiens
Si Soad Hosny n’a pas tourné en France, ses films ont néanmoins trouvé un espace naturel dans les salles d’art et d’essai de Paris. Plusieurs cinémas, notamment dans le Quartier Latin et autour de Montparnasse, ont diffusé au fil des décennies les œuvres emblématiques de l’actrice. Parmi ces films, Le Karnak, Al Moutamarridoun et Khalli Balak min Zouzou ont bénéficié d’une attention particulière de la part des cinéphiles.
Les festivals dédiés aux cinémas du monde arabe, notamment à l’Institut du Monde Arabe et au Festival du film arabe de Fameck, ont consacré des rétrospectives à son parcours. À chaque projection, le public français exprimait la même fascination : celle d’une actrice dont la modernité semblait intemporelle et dont le talent traversait les barrières linguistiques sans perdre sa force émotionnelle.
Pourquoi Paris a-t-elle été séduite par Soad Hosny ?
Plusieurs raisons expliquent l’attachement français à Soad Hosny.
La première tient à sa capacité de représenter une forme de féminité libérée mais nuancée. Contrairement à d’autres stars régionales, elle ne se limitait pas à un registre unique. Elle pouvait être à la fois solaire et mélancolique, naïve et rusée, romantique et réaliste. Cette richesse psychologique a rappelé aux critiques français les grandes actrices italiennes ou françaises des années soixante.
La deuxième raison est la dimension sociale de ses rôles. Soad Hosny ne s’est jamais contentée de divertir. Elle a incarné les fractures, les espoirs et les interrogations d’une génération arabe en pleine mutation. Paris, sensible aux mouvements sociaux et aux récits engagés, a vu dans ses films un reflet des transformations du monde arabe au XXe siècle.
Enfin, sa musicalité, son rapport au chant et à la danse ont profondément touché un public français habitué aux comédies musicales hollywoodiennes mais désireux de découvrir leurs équivalents orientaux. Soad Hosny apportait à l’écran une énergie contagieuse qui rappelait la spontanéité de certaines vedettes françaises d’après-guerre.
Une icône qui continue d’habiter les mémoires françaises
Plus de vingt ans après sa disparition, Soad Hosny demeure présente dans les milieux culturels parisiens. Ses films sont encore projetés dans des cycles de cinéma consacré à l’Égypte. Des chercheurs français publient régulièrement des études sur son influence dans la construction du féminin moderne dans le cinéma arabe. Des étudiants en cinéma découvrent encore aujourd’hui son jeu, sa finesse, son sens du rythme.
Pour le public français, elle représente une époque où le cinéma arabe dialoguait intensément avec les cinémas du monde, et où des œuvres venues du Caire, de Beyrouth ou de Damas étaient perçues comme des miroirs culturels et émotionnels. Soad Hosny est devenue, malgré elle, une ambassadrice culturelle dont la présence dépasse les écrans.
Un lien subtil mais puissant entre Le Caire et Paris
Si Paris n’a pas façonné Soad Hosny comme elle l’a fait avec certaines artistes venues d’ailleurs, elle a su reconnaître en elle une actrice exceptionnelle. Cette reconnaissance témoigne de la sensibilité française pour les artistes qui interrogent leur société tout en portant une dimension universelle.
Pour les Parisiens amoureux de cinéma, Soad Hosny incarne une constellation rare. Elle est à la fois proche et lointaine, orientale et universelle, fille du Nil et étoile internationale. Ses personnages continuent d’accompagner les réflexions des spectateurs sur la modernité, le féminisme, la liberté et la beauté.
Conclusion : une passerelle vivante entre Orient et Occident
L’histoire de la réception de Soad Hosny en France révèle combien l’art peut dépasser les frontières linguistiques et culturelles. Sans jamais tourner dans les studios parisiens, elle a conquis les cœurs de ceux qui défendent une vision humaniste du cinéma. En elle, Paris a trouvé une actrice qui unit les mondes plutôt qu’elle ne les sépare, et qui raconte à sa manière le dialogue permanent entre le Levant et l’Occident.
Aujourd’hui, son nom continue d’être cité dans les conférences, les festivals et les conversations des passionnés. Elle reste l’une des grandes figures du cinéma arabe dont l’aura résonne parfaitement avec l’esprit de PO4OR, ce portail qui célèbre les ponts culturels entre les deux rives.